Vaccination : observe-t-on un effet des premières doses ?

Observe-t-on les signes des premières doses de la vaccination dans le bilan des nouveaux cas d’infection à la Covid-19 au Québec ?

Alors que la distribution des doses et la vaccination de masse contre la COVID-19 s’accélèrent grandement au Québec, des données laissent croire que la province a déjà bénéficié de la première dose sur une partie de la population.

Comme on l’a fait au Financial Times déjà, une analyse de la différence de la diminution des cas selon le groupe d’âge démontre une plus grande précipitation de cette diminution.

Les groupes les plus âgés profitent du moins déjà d’une plus forte diminution des nouveaux cas par rapport au pic atteint autour du début du mois de janvier.

L’administration de la première dose a commencé à la mi-décembre pour les groupes prioritaires. Il s’agit des travailleurs de la santé de première ligne, de la population des centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD), de celle des résidences privées pour aînés (RPA) et des communautés éloignées.

Nous sommes ensuite passés à la seconde vitesse à la fin du mois de février. La campagne de vaccination de masse a commencé auprès des 85 ans des cinq régions qui composent le Grand Montréal.

En date du 14 mars, il était maintenant possible pour tous les adultes de 65 ans et plus de Montréal et ceux de 70 ans et plus du reste de la province de prendre rendez-vous pour leur première dose.

En date du 22 mars, toutes les personnes de 60 ans et plus de Montréal et celles de 65 ans et plus de toutes les autres régions étaient invitées à le faire. Des pharmacies se joignent maintenant à la campagne de vaccination de masse. Enfin, des entreprises vont participer à l’effort pour leurs employés.

L’effet de la vaccination sur les groupes d’âge, l’effet du couvre-feu sur toute la population ?

On pourrait croire à un certaine contribution des vaccinations à l’amélioration de la situation de la COVID-19 au Québec, mais il est difficile de l’isoler du couvre-feu instauré au retour des fêtes en janvier.

Les deux graphiques qui suivent présentent l’évolution des nouveaux cas confirmés d’infection et des nouvelles hospitalisations. Les données présentées sont proportionnelles au pic que chaque groupe d’âge, pris de manière isolée, a atteint cet hiver.

Par exemple, si un certain groupe d’âge a atteint un sommet de 400 infections en janvier, mais 200 lors d’une journée donnée en février, la proportion d’infections pour cette journée de février sera donc de 50 % par rapport à son pic de janvier.

Des lignes verticales indiquent le début de la vaccination des groupes prioritaires, la date d’entrée en vigueur du couvre-feu, ainsi que le commencement de la vaccination de masse.

Pour les nouveax cas d’infection, on remarque d’abord une solide diminution des cas de tous les groupes d’âge autour de l’entrée en vigueur du couvre-feu de janvier. La pente est très abrupte.

Plus intéressant encore est le possible apport de la vaccination : plus un groupe d’âge est âgé, plus il a maintenu cette solide chute des nouveaux cas d’infection par rapport au pic d’hiver.

Il va de soi que le couvre-feu puisse aussi y être pour quelque chose. Il demeure qu’on observe deux choses : une chute abrupte des nouveaux cas et une plus grande prononciation de cette chute en fonction de l’âge.

Le portrait est semblable, quoique moins manifeste en ce qui concerne les nouvelles hospitalisations. Encore ici, plus souvent qu’autrement, plus un groupe est aîné, plus il a connu une chute marquée de son nombre de nouvelles hospitalisations.

Et si on regardait directement le lien entre la vaccination et les nouveaux cas?

Une autre façon d’estimer l’effet de la vaccination sur les cas d’infection et les hospitalisations est justement d’examiner la relation entre les doses administrées et le nombre de nouveaux cas ou de nouvelles hospitalisations (notez que l’intervalle de confiance n’est présenté que pour les 0-59 ans et les 90 ans et plus afin de faciliter la lecture).

Il peut paraître absurde d’espérer observer une corrélation entre le nombre de doses administrées et le nombre de nouvelles infections chez les groupes les plus jeunes : ils n’ont même pas commencé à recevoir leur vaccin.

Or, on se souvient que les groupes prioritaires, qui ont reçu une dose dès la mi-décembre, sont composés entre autres des travailleuses et travailleurs de la santé de première ligne, qui peuvent être bien plus jeunes.

Si le personnel de la santé de première ligne, qui est justement sur le front de la COVID-19, développe une plus grande résistance au virus grâce aux doses reçues, on peut s’attendre à ce qu’il l’attrape moins. Par conséquent, ces personnes traineront moins le virus avec eux auprès de leurs proches de tous âges.

En d’autres mots, la population bénéficierait possiblement déjà des vaccins de manière indirecte, bien avant qu’une large partie de la population n’obtienne ses doses. Un peu comme si l’effet du vaccin était majeur à un certain stade d’une campagne de vaccination.

Mais comme on l’a souvent répété, c’est l’ensemble des mesures sanitaires qui diminue probablement les taux d’infection (comme le couvre-feu, les fermetures de commerces, de services et d’activités en présentiel, les masques, la distanciation physique, le télé-travail et la vaccination). On ne saurait attribué cette baisse collective aux seuls vaccins.

La réduction supérieure des groupes d’âges plus aînés semble tout de même bénéficier des vaccins. La réduction est plus prononcée en fonction de l’âge, alors que pour les moins de 60 ans, qui ne bénéficient pas directement de la vaccination, ce sont nécessairement les autres mesures sanitaires qui contribuent à la baisse moins prononcée des nouvelles infections.

Encore une fois, la relation entre la vaccination et les hospitalisations est toutefois moins manifeste.

On voit une petite tendance semblable à tout ce qu’on a vu dans les visualisations précédentes, mais les données des groupes d’âge sont moins convaincantes.

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